lundi 20 octobre 2014

Débordée, sous l'eau et autres qualificatifs


En ce moment, dès qu'on me demande comment je vais, je réplique immanquablement "je suis particulièrement débordée" ou "cette rentrée m'a épuisée" ou encore "je cherche une paille pour respirer sous l'eau, tu sais où je peux en trouver?" et d'autres variantes dont je t'épargne le détail tellement cela manque d'originalité.



Pour ne pas rester sur une impression négative, je me sens obligée de rajouter une couche un peu moins négative, ou alors je me retrouve entrain de me justifier, sans grande conviction "mais je suis contente hein, je ne me plains pas du tout". Alors que si, je me plains en mon fort intérieur.

Il y a 20 ans ou presque, j'adorais dire que je suis débordée. Cela me donnait un sentiment d'importance: si je suis débordée, c'est que j'ai beaucoup de travail, c'est qu'on me fait confiance, c'est qu'on valorise mes compétences et ma valeur ajoutée, c'est que je suis importante. CQFD.

Plusieurs années après, me voilà maman. Et je n'avais plus du tout envie d'être débordée. J'ai particulièrement apprécié la sensation d'un temps suspendu pendant mon congé maternité. J'avais le temps de regarder ma fille, d'écouter ma fille, de sentir ma fille. J'aimais m'allonger à côté d'elle pendant sa sieste, la regarder respirer, si paisiblement, si sereinement. J'adorais la voir se réveiller tout en douceur et remarquer son regard s'illuminer dès qu'elle m’apercevait.

Le retour en entreprise fut rude. J'étais toujours aussi débordée mais ça ne m'apportait rien. Enfin, si. Cela m'apportait beaucoup de fatigue. Je suis quelqu'un qui ne sait pas faire semblant et il était hors de question pour moins d'être moins performante après être devenue une maman. Il fallait que je sois encore plus performante, même en 9/10ème. Il en allait de ma fierté, ma fierté de femme, la fierté de dire que mon statut de maman ne m'empêchait pas d'être performante, bien au contraire.

Après mon retour de congé maternité, j'ai été promue, pas une seule fois, mais deux, en moins de deux ans. Mais je touchais du doigt le burn out. Je n'avais jamais été aussi débordée et aussi fatiguée de ma vie... c'est en tout cas ce que je pensais.

Retour vers le futur 6 ans après, j'ai changé de pays, j'ai changé de vie. Je ne travaille plus en entreprise mais à mon compte. Tout le monde rentre manger entre midi et deux. Je récupère ma fille également à 16h, je fais le chauffeur pour ses activités. Et parce que décidément je ne sais pas m'arrêter, j'ai aussi accepté un poste de professeur vacataire dans une école de commerce.

Mes journées sont chargées, ma semaine aussi. Cette dernière commence le dimanche matin pour finir le vendredi soir. Et le samedi, mon cerveau est en ébullition totale et je stresse déjà à l'idée de ne pas avoir le temps dimanche pour finir ce qui j'ai à faire.

J'ai heureusement quelqu'un qui m'aide pour l'intendance de la maison (car sinon, toute cette organisation s'écroulerait). Mais ce n'est pas suffisant. Il va falloir que j'apprenne à m'arrêter, à souffler, à ne plus me sentir débordée, sous l'eau, sans paille pour respirer. Mais je ne sais plus le faire, j'ai perdu le mode d'emploi.

Quelqu'un qui se reconnaîtra me disait l'autre jour "As-tu une vie en dehors de ton boulot?". Je cherche encore un bout de réponse à cette question.


9 commentaires:

  1. oh je ne sais pas que répondre: peu d'heures de sommeil, un bébé, un boulot, un 6 ans en CP ... j'aimerais quelqu'un pour la maison, on y pense de plus en plus

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  2. J'ai l'impression d'être encore plus débordée depuis que je ne suis plus salariée ... Bon courage

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  3. Je suis sûre que tu sauras trouver la réponse à cette question et que tu sauras lever un peu le pied quand ce sera le bon moment. Je t'embrasse

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  4. Il y a des périodes comme ça, où on se noie littéralement. Mais heureusement on arrive toujours à en sortir, je suis sûre que tu vas bientôt y arriver!

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  5. je suis de l'avis de Zaza. Et puis c'est tellement difficile de se couper en deux! c'ets impossible, tu as le droit de réussir sur tous fronts. Et prendre quelqu'un de temps en temps pour les sorties d'école? pour que tu aies plus de temps en semaine et moins de boulot le dimanche?

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  6. Je suis avec toi et partage avec toi ce sentiment. La vie avec un poste à responsabilité en entreprise est dure, épuisante et culpabilisante car on ne voit pas ses enfants. La vie d'entrepreneur donne plus de liberté, de flexibilité, mais du coup on en fait encore plus car on s'investit sur tous les fronts (et souvent pour les femmes c'est aussi pour ça que l'on s'est lancé comme travailleur indépendant, pour voir plus nos enfants!). Il n'y a plus de rupture de rythme, on enchaine la semaine et les 'week-ends' des jours partagé entre le travail lié à notre métier et le travail lié à celui d'une maman au foyer (taxi, aide aux devoirs, cuisinière...) en se mettant plus de pression parceque justement on est censé avoir plus le temps puisqu'on est travailleur indépendant ! Après avoir fait un burn out en entreprise, j'ai aussi froler l'épuisement physique et mental l'année dernière lors de ma première année comme indépendante. Pour beaoucoup moins de revenus en plus ! Mais le lien avec mes trois enfants et leur équilibre s'est vraiment amélioré. Résolution pour cette année scolaire : prendre plus soin de moi. Ne pas travailler le dimanche. Accepter d'être imparfaite et pas à 200% sur tous les fronts. Plus facile à dire qu'à faire !

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  7. J'ai aimé cet article qui m'a aidé à me souvenir de pourquoi j'avais choisi de devenir entrepreneur et laissé mon emploi confortable. Dur à lire et long, mais qui montre bien que ce sentiment de vivre sous l'eau est très partagé quand on a de l'ambition et que l'on veut profiter aussi de ses enfants!
    http://www.theatlantic.com/magazine/archive/2012/07/why-women-still-cant-have-it-all/309020/?single_page=true&utm_source=FB1007_08

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  8. Difficile pour tous cette rentrée je crois, pour la 1ere fois depuis longtemps nous avons décidé de partir quelques jours à la Toussaint pour se reposer et ne rien faire ! Ça fait du bien même si je continue à travailler, je ne cours plus partout et ça change tout !!! bon courage ;-)

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  9. Salut toi, c'est marrant car ce billet j'aurais pu l'écrire (d'ailleurs, je vais l'écrire dans quelques jours, sous une autre forme, avec d'autres mots, mais avec la même sensation).
    Je ne sais pas si tu as suivi sur FB, mais je viens de tomber malade. J'ai fait de fortes fièvres, un stage aux urgences et depuis, je suis couchée sans aucune force. Une sorte de Burn Out qui pointait le bout de son nez depuis bien longtemps.
    Mon boulot, ma propre entreprise, le blog...et ma famille/ma maison à gérer. C'est trop !
    Alors comme toi, je me sens couler, et la paille n'est plus assez longue, plus assez large pour me laisser reprendre de l'air.

    Il faut absolument remanier nos vies, nos rythmes de vies mais comment ?
    Courage !

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Mon blog se nourrit de vos commentaires ! Merci :)

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