Borgen ou le dilemme de la conciliation vie pro et vie privée

La fan de séries que je suis ne pouvait pas passer à côté de Borgen, Femme au Pouvoir: une série danoise qui met en scène la vie d'une femme qui accède aux fonctions de Premier Ministre. Au moment de la diffusion de la première saison, c'était encore un fait indédit au Danemark. Depuis, la fiction a rejoint la réalité avec l'arrivée de la sociale-démocrate Helle Thorning-Schmidt à la tête du gouvernement.

Birgitte Nyborg Christensen - crédit photo Télérama

Je regarde cette série depuis le début et au délà du jeu d'acteur qui est juste remarquable et de l'intrigue qui est bien ficelée, j'aime aussi l'idée que Borgen illustre superbement le dilemme de la conciliation vie privée, vie professionnelle: Elle doit choisir tout le temps ou presque entre sa vie de famille et son travail de Premier Ministre.



Borgen nous montre cette répartition des tâches "à la scandinave" où Birgitte s'appuie (trop?) sur son mari pour gérer la maison ... Lequel mari finit par tout lâcher (trop vite?) et reconstruire sa vie ailleurs sans donner le temps à ce que leur nouvelle vie, à ce que la nouvelle dynamique dans leur couple s'équilibre.

Sa famille finit donc par en pâtir, son couple vole en éclats. Mais elle continue à suivre son bout de chemin, en assumant ses responsabilités mais sans culpabiliser pour autant. Je crois d'ailleurs que la volonté du créateur de la série était de montrer que la femme est un "animal politique comme les autres.

La série est partie encore plus loin en illustrant ce dilemme dans les deux derniers épisodes de la saison 2:  elle fait le choix de s'accorder un congé à durée indéterminée pour s'occuper de sa fille, prise pour cible par les médias car placée en hôpital psychiatrique, dans un contexte politiquement tendu. En effet, Birgitte essaye d'imposer une réforme du secteur de la santé en supprimant les crédits d'impôts sur les assurances privées alors qu'elle met sa fille dans la meilleure clinique privée du pays car les délais d'attente dans le public étaient de 50 semaines.

Il s'en suit un branle-bas de combat et même un débat publique: "Peut-on être femme et premier ministre?". Un débat que Birgitte dans la série ne daigne pas s'approprier mais finit par faire un beau discours au parlement démontrant que ceux qui se posent la question ont juste un siècle de retard vu que la première parlementaire femme a été élue au début du siècle dernier.

Moi, ça me rappelle curieusement cette histoire en France "Une femme, peut-elle être bâtonnier?"

Le simple fait qu'on daigne encore répondre à ce genre de questions est très symptomatique d'une vision étriquée de la société et des capacités et responsabilités des hommes et des femmes.

Oui, par ce que finalement, si nos chers hommes (politiques ou pas) se consacraient plus à leur famille,  s'ils prenaient des congés paternité à l'arrivée de leur enfant, s'ils prenaient des congés maladie pour s'occuper de leur progéniture malande, eh ben on ne se poserait peut-être pas ce genre de questions ...